Systèmes horticoles et agro-forets

Systèmes arboricoles et agro-forêt, (girofle, litchi) pour la production fruitière et la qualité des produits.

Enjeux de développement et de recherche associée

Le girofle (Syzygium aromaticum L.), originaire des Iles des Moluques (Indonésie), a été introduit à Madagascar dans les années 1800, plus exactement dans l’Ile Sainte Marie (Maistre, 1955 ; Volper, 2011). A partir de 1885, la culture du girofle s’est ensuite répandue sur la Grande Terre. Le girofle est exploité à la fois pour son clou et son huile essentiel. Cette espèce est une plante extrêmement aromatique avec une forte teneur en huile essentiel, aussi bien dans le bourgeon que dans la tige et la feuille. Les huiles essentielles des clous de girofle présentent une activité antimicrobienne, antifongique et antioxydante. L’eugenol, le composé majoritaire de l'essence de girofle est un produit à haute valeur technologique recherchée par diverses industries (Lampmann et al, 1977 ; Kamatou et al, 2012).

Madagascar est le premier exportateur mondial avec une moyenne annuelle exportée de 20000 tonnes pour les clous de girofle et de 2000 tonnes pour les huiles essentielles. Le girofle est le premier poste parmi les exportations agricoles malgaches (Gouzien et al, 2016)

La filière girofle et en particulier la composante huile essentielle, est une importante source de revenus pour Madagascar, notamment pour les populations rurales de la côte Est. Elle est aussi malheureusement une des premières causes de déforestation et de perte de biodiversité. Des  actions visant à améliorer la durabilité de cette filière apparait de fait comme un enjeu prioritaire.

Objectifs

Les actions envisagées ont pour objectif d’assurer le développement durable de la filière girofle (clous et huiles essentielles) conduisant à des impacts sociaux et économiques positifs tout en réduisant des impacts environnementaux.

Questions de recherches

Cette proposition d’actions s’appuie sur un corpus de connaissances acquises par les travaux menés depuis plusieurs années par les chercheurs et les étudiants du dP mais qu’il sera nécessaire de compléter sur quelques points précis par de nouvelles recherches ponctuelles. Ces actions visent à :

  1. préciser les conditions biophysiques, agronomiques, techniques, économiques et sociales de cette durabilité qui sont encore partiellement inconnues: identifier et caractériser les différents acteurs de la filière, évaluer la durabilité des systèmes de culture à base de girofliers, leurs performances économiques et sociales, comprendre et partager les savoirs et les savoir-faire des agriculteurs
  2. Sensibiliser les acteurs aux enjeux de durabilité de la filière via des démarches participatives, des actions de sensibilisation, de formation et de concertation. Cette étape est un prérequis à l’émergence d’une dynamique de changement au sein de la filière.
  3. définir des objectifs d’actions par la mise en place de plateformes d’innovations: concertation multi-acteurs comprenant les populations locales, les opérateurs économiques, l’administration (Etat, commune), la recherche et les structures de développement avec pour objectif d’identifier conjointement les problèmes et de co-construire des solutions techniques et organisationnelles crédibles et pertinentes.
  4. mettre en œuvre ces solutions techniques et organisationnelles parmi lesquelles il est probable que seront inscrits :
  5. l’amélioration des systèmes de culture, la spécialisation des plantations de girofliers et de leur gestion (clou/essence), l’amélioration technique des alambics, une plus grande implication et responsabilisation des propriétaires d’alambics dans le fonctionnement de la filière, la valorisation des déchets d’alambic (matière organique  ou biomasse-énergie), la mise en place de plantations de bois-énergie, la labellisation de la filière valorisant sa performance environnementale et sociale
  6. d’inscrire les acteurs de la filière dans une dynamique de gestion adaptative en définissant en concertation avec les plates-formes d’innovation un dispositif de suivi et d’évaluation (ex-ante, in-itinere) des impacts environnementaux, économiques et sociaux.
  7. de conduire à une réflexion sur les conditions du changement d’échelle afin d’assurer une large diffusion des innovations.

Ces propositions d’actions pourraient être le support d’une réflexion méthodologique visant le développement d’instruments adaptés pour évaluer les impacts environnementaux, économiques et sociaux comme les analyses de cycle de vie (ACVe, ACVs) aux différentes échelles.