Contexte

Le sud-ouest de l’océan Indien est l’un des 34 « points chaud de la biodiversité » (hotspot en anglais), c’est-à-dire que la région possède une richesse de biodiversité particulièrement menacée par l’activité humaine. C’est aussi l’un des hotspot les plus hétérogènes en catégories de revenus des pays qui le constituent.

Le projet VARUNA-Living Forest (2022-2025) vise à co-construire et expérimenter un dispositif de recherche-innovation collaborative à l’échelle des territoires – de type Living Lab territorial – qui permette de co-développer les innovations (techniques et organisationnelles) nécessaires à la fois à la conservation, et à la valorisation des systèmes forestiers. Il s’agit au travers de ces structures de faire émerger de nouveaux modèles, de nouveaux outils et de nouvelles pratiques de gestion de la biodiversité forestière qui allient les enjeux de conservation et de valorisation dans trois territoires pilotes de l’Océan Indien : 2 à Madagascar et 1 aux Comores.

Un Living Lab est défini comme un système d’innovation centré sur l’utilisateur, qui opère entre des citoyens, des institutions, des entreprises et des instituts de recherche. Les Living Labs ont émergé comme une nouvelle approche de l’innovation dans laquelle les utilisateurs ne sont désormais plus vus comme un objet d’investigation mais comme des acteurs clefs dans le processus d’innovation. Il s’agit ainsi de redonner le pouvoir d’expérimenter et d’innover aux acteurs et communautés dans leur milieu de vie.  L’un des principaux atouts reconnus des Living Labs réside dans leur capacité à développer un processus d’intermédiation entre des parties prenantes ayant des intérêts divergents mais des objectifs communs. Ainsi, le rôle d’un Living Lab est d’agir à titre d’intermédiateur neutre, garant d’un espace sécuritaire d’expérimentation pour les usagers et d’un processus de création de valeur pour toutes les parties prenantes.

Dans le cadre de VARUNA-Living Forest, ces laboratoires territoriaux visent à renforcer la cogestion adaptative de la biodiversité forestière permettant le développement d’innovations (techniques et sociales) conciliant conservation et valorisation des systèmes forestiers. Quatre objectifs spécifiques contribuent à cet objectif principal :

• Renforcer le partage des connaissances entre acteurs académiques, institutionnels et opérationnels de la conservation et de la valorisation de la biodiversité forestière au niveau de l’Océan Indien et de territoires pilotes.
• Rapprocher les différents acteurs de trois territoires pilotes autour d’une représentation partagée des enjeux liés à la conservation et à la valorisation de la biodiversité forestière
• Co-construire les modalités de fonctionnement de Living Lab territoriaux via la mise en œuvre d'expérimentations collectives répondant aux enjeux partagés de conservation et de valorisation de la biodiversité forestière
• Mutualiser et diffuser les conditions d'implantation de Living Lab territoriaux dans l’Océan Indien.

Le projet VARUNA-Living Forest concerne 3 sites pilotes pré-identifiés : 

1. le Parc National de Ranomafana, de Mananara, le parc de Ambatovaly, à Madagascar,
2. le site d’Analanajirofo, région de Boeny Ankarafanttsika, à Madagascar,
3. le Parc de Mohéli aux Comores.

Le choix de ces territoires est motivé par le fait qu’ils présentent : (i) un paysage mosaïque comprenant une aire protégée, des systèmes agri/agro-forestiers et des plantations forestières ; (ii) des données scientifiques de longue date et (iii) des partenariats multi-acteurs établis notamment au travers d’un Dispositif Partenarial du CIRAD (le DP Forêt et Biodiversité) et d’un Laboratoire Mixte International (le LMI Paysages) de l’IRD dans la région. Ces territoires permettront ainsi de décloisonner les approches « systèmes » dominantes en travaillant aux interfaces entre aire protégée - système agroforestier - plantation forestière, et de co-définir les actions prioritaires avec la diversité des acteurs de ces territoires. Les résultats issus de ces territoires pilotes seront partagés et mutualisés à l’échelle de l’Océan Indien.

Le projet est structuré en 4 activités :

L’activité 1 du projet vise à réalisé un diagnostoc afin de renforcer le partage des connaissances entre acteurs académiques, institutionnels et opérationnels de la conservation et de la valorisation de la biodiversité forestière au niveau de l’Océan Indien et de territoires pilotes. L’activité 2 consiste à rapprocher les différents acteurs de trois territoires pilotes autour d’une représentation partagée des enjeux liés à la conservation et à la valorisation de la biodiversité forestière, au travers d’une démarche participative (inspirée de la modélisation d’accompagnement ComMod) pour faire émerger avec les acteurs locaux une innovation pertinente et appropriée à developper sur chacun des sites. L’activité 3 permettra de co-construire les modalités de fonctionnement de Living Lab territoriaux via la mise en œuvre d'expérimentations collectives répondant aux enjeux partagés de conservation et de valorisation de la biodiversité forestière. Enfin l’activité 4 mutualisera et diffusera les conditions d'implantation de Living Lab territoriaux dans l’Océan Indien

Objectifs du postdoc et approche proposée

Activités

Le ou la postdoc interviendra sur le site de Mohéli. Cela dit, il ou elle sera en interaction avec les deux autres postdocs qui interviendront sur Madagascar pour échanger sur les options envisagées dans chaque site et les éventuelles valorisations croisées. Il ou elle sera en charge de la mise en oeuvre de l’activité 2 et du lancement de l’activité 3 qui en découlera. L’objectif de l’activité 2 est d’identifier avec les acteurs les enjeux et les interdépendances associées à ce territoire, ainsi que des innovations sociales et techniques à mettre en œuvre pour y répondre. Cette démarche passera par la co-création d’un jeu de rôles. L’identification et la hiérarchisation de ces innovations permettront la mise en œuvre de l’une d’entre elles dans le cadre de l’activité 3 de création de living-lab sur chacun des sites pilotes.

De façon plus détaillée, le ou la post-doc sera en charge de mener les activités suivantes :

1. Intégrer les résultats du diagnostic préliminaire, issu de l’activité 1 du projet sur Mohéli, afin notamment d’identifier un groupe de participants à la démarche ComMod
2. Préparer des questionnaires pour les entretiens collectifs avec les acteurs locaux et co-définir une problématique lors de premiers ateliers participatifs. Les questionnaires seront proposés aux acteurs du territoire en amont des ateliers ComMod mais aussi à posteriori
3. Se former à la démarche de modélisation d’accompagnement et réfléchir son adaptation à une appréhension sensible des relations homme-environnement (séjour à Montpellier de début mai à début juin 2023)
4. Préparation, réalisation et suivi d’ateliers de co-construction d’un modèle conceptuel avec les acteurs locaux sur le site pilote concerné, traduction du modèle conceptuel en jeu de rôles pour recueillir des propositions de stratégies de gestion durable qui feront l’objet central de chaque living lab territorial cœur de l’activité 3 du projet VARUNA-Living Forest
5. Echange d’expérience entre les 3 sites pilotes
6. Accompagnement du lancement des living lab ayant été choisis sur Mohéli
7. Participation à des publications et communications à conférences dans le cadre de l’activité 4 de valorisation et diffusion du projet

Profil recherché

Formation

-        Doctorat (ou master 2) en agronomie, sciences de la durabilité

Compétences/expérience

-        Animation d’ateliers avec des acteurs

-        Maîtrise de la langue malgache et française

-        Intérêt pour le travail de terrain

-        Capacité à mener des enquêtes auprès d’une diversité d’acteurs.

-        Une expérience en modélisation participative serait un plus

Aptitudes

-        Autonomie et rigueur

-        Capacité à travailler dans un contexte pluri institutionnel, pluridisciplinaire et multilingue, français et malgache courant

Spécificité administrative

-        Être détenteur d’un passeport valide

-        Détenir un permis de conduire serait un plus

Encadrement

L’encadrement sera assuré prioritairement par l’encadrant en modélisation participative du site de Mohéli : Christophe Le page, en collaboration avec le responsable de site sur les enjeux thématiques de Mohéli : Sigrid Aubert.

Financement

Financement sur le projet VARUNA :

-        Indemnités à hauteur de 560€ par mois sur 24 mois

-        Budget de fonctionnement couvrant les frais de séjours de terrain ainsi qu’une mission de formation en France (début mai-début juin 2023).

CV et lettre de motivation à envoyer avant le 6 mars 2023 aux responsables (Voir la section Contact).

Références

Banque Mondiale, 2015. Diagnostic systématique de pays : Madagascar. 137 p.

Biggs, R., Raudsepp-Hearne, C., Atkinson-Palombo, C., Bohensky, E., Boyd, E., Cundill, G., Fox, H., Ingram, S., Kok, K., Spehar, S., Tengo, M., Timmer, D., Zurek, M., 2007. Linking futures across scales: a dialog on multiscale scenarios. Ecology and Society 12.

Etienne, M., 2011. Companion modelling. A participatory approach to support sustainable development. Versailles, France: QUAE.

Etienne, M., Du Toit, D.R., Pollard, S., 2011. ARDI: a co-construction method for participatory modeling in natural resources management. Ecology and Society 16, 44.

Étienne M., 2010. La modélisation d’accompagnement : une démarche participative en appui au développement durable. Update Sciences & Technologies. Versailles, France, Editions Quae

Godet, M., 2000. The Art of Scenarios and Strategic Planning: Tools and Pitfalls. Technological Forecasting and Social Change 65, 3-22.

PNUD, 2018. Rapport Annuel 2018 - PNUD Madagascar - Vers un développement durable basé sur une transition démocratique. Programme des Nations Unies pour le Développement, Organisation des Nations Unies. 137 p.

Rabbinge, R., van Oijen, M., 1997. Scenario studies for future agriculture and crop protection. European Journal of Plant Pathology 103, 197-201.

Scoones, I., Thompson, J., 1994. Knowledge, power and agriculture - towards a theoretical understanding In: Scoones, I., Thompson, J. (Eds.), Beyond Farmer First: Rural People's Knowledge, Agricultural Research and Extension Practice. IT Publications, London, pp. 15-32.

van Ittersum, M.K., Rabbinge, R., van Latesteijn, H.C., 1998. Exploratory land use studies and their role in strategic policy making. Agricultural Systems 58, 309-330.

van Keulen, H., 2007. Quantitative analyses of natural resource management options at different scales. Agricultural Systems 94, 768-783.